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Atteindre de nouveaux sommets d’investissement responsable par le biais de la gouvernance

Par Chelsea Kittleson, directrice exécutive, régime de retraite de la fonction municipale (RRFM) de la C.-B
octobre 31, 2024

Selon un sondage de Mercer intitulé Shaping the Future, qui a été mené en juin 2023, plus de deux tiers des personnes interrogés qui sont membres de régimes de retraite à prestations déterminées ont souligné l’importance capitale du rôle que jouent les questions en matière environnementale, sociale et de gouvernance dans leur façon d’aborder leurs investissements. Les personnes interrogées tirent parti de données sur l’ESG au moment de choisir des directeurs des placements, de surveiller les activités de placement, de mesurer les progrès et de produire des rapports. La prochaine étape logique consiste à faire en sorte que les promoteurs de régimes orientent le processus de gouvernance dans son ensemble.

Cette étape pourrait sembler aussi intimidante que ce à quoi un randonneur pédestre novice ferait face au moment d’escalader une montagne. Heureusement, il existe un sentier. Cela consiste à choisir sa destination, à rassembler le bon équipement, à s’entraîner, à tracer son itinéraire et à s’adapter à des défis imprévus en cours de route.

Les grimpeurs chevronnés vous diront que la préparation est un stade qui revêt une grande importance – et qui nécessite une approche axée sur la réflexion.

Quel sommet souhaitez-vous conquérir?

Les organes directeurs des régimes de retraite fixent l’orientation stratégique, la politique de placement et les attentes. Ils font appel à des fournisseurs de services, dont des agents en placement, pour exécuter les directives. Dans notre contexte, le conseil d’administration fait office d’organe directeur. Donc, aux fins du présent article, on emploiera le terme « conseil ».

Pour définir une destination, le conseil doit prendre en considération tous les facteurs et risques pertinents dans l’exercice de son obligation fiduciaire. Il s’agit notamment d’analyser les risques à court et à long terme et de prendre les mesures qui s’imposent pour limiter certaines expositions ou de tirer profit d’occasions de placement. Il existe différents types de risques, y compris ceux liés à la volatilité des marchés, à la devise et au changement climatique.

Lorsqu’il est question du régime de retraite de la fonction municipale, nous tenons compte de ces facteurs dans le cadre de notre planification stratégique. L’investissement responsable étant un objectif stratégique, nous avons fait les premiers pas pour incorporer l’ESG dans notre cadre de gouvernance et pour escalader ainsi notre propre montagne en vue d’atteindre des objectifs tangibles liés au climat. Depuis le moment où nous avons franchi la première étape pour devenir signataires des Principes de l’investissement responsable (PIR), il a fallu quinze ans pour que nous annoncions notre objectif en matière de carboneutralité; nous pouvons maintenant jeter un regard sur le passé pour voir comment les étapes se sont déroulées. En tant que document essentiel à la gouvernance, le plan stratégique que met de l’avant le conseil nous a permis de poursuivre le parcours et d’affiner et de définir notre destination.

« Même s’il ne vous appartient pas d’assurer la gestion quotidienne du fonds, c’est néanmoins à vous de déterminer les principales priorités stratégiques propres au fonds… seuls les administrateurs peuvent en faire la feuille de route du fonds. » CFA Institute Research Foundation, A Primer for Investment Trustees, page 5 (https://www.cfainstitute.org/-/media/documents/book/rf-publication/2017/rf-v2017-n3-1.ashx)

Pour commencer : L’équipement à apporter pour le périple

La première étape concrète à franchir pour nous permettre d’intégrer l’ESG dans les politiques de gouvernance a consisté à devenir signataires des PIR en 2007. À cet effet, nous avons soumis notre premier rapport sur la transparence en 2009.

Éducation

Notre engagement à nous informer sur le changement et l’action climatiques, aussi bien au niveau du comité qu’à l’échelle du conseil, est un élément fondamental.

Au nombre des thèmes abordés, mentionnons la compréhension de la climatologie, l’incidence que peut avoir le changement climatique sur le portefeuille, et la relation entre l’obligation fiduciaire et les risques associés au climat. Notre comité de placements s’est également penché sur l’impact d’une réponse stratégique inévitable au changement climatique.

Depuis le tout début, une formation continue sur ce dossier en évolution rapide nous a permis de trouver un terrain d’entente dans le cadre de discussions significatives qui ont su façonner les décisions et politiques.

Il faut faire preuve de rigueur pour préparer un programme pertinent et significatif. Il faut faire preuve d’engagement afin de consacrer l’espace et le temps nécessaires aux ordres du jour sur plusieurs années. Disposer d’un programme partagé a pour effet d’enrichir les discussions sur les dossiers de grande importance.

Collaboration

C’est bien d’être accompagné de partenaires au cours du périple. Les collaborations, les partenariats et le réseautage peuvent être des outils inestimables dans l’évolution du conseil.

Dans notre cas, nous avons pu recenser des organismes qui nous permettraient d’approfondir nos connaissances et par l’entremise desquels nous pourrions exprimer notre opinion sur les questions de placement liées à l’ESG.

Grâce à notre relation avec les PIR, le régime de retraite de la fonction municipale a été cofondateur du Western North America PRI Network. Il s’agissait d’une précieuse initiative de réseautage et d’édification de relations. Le président de notre comité de placements a poursuivi sa participation au réseau tout au long de son développement.

Nous avons adhéré au programme ClimateAction 100+ à l’appui de cette initiative de premier ordre dirigée par des investisseurs afin de veiller à ce que les plus grandes sociétés émettrices de gaz à effet de serre du monde prennent les mesures nécessaires pour lutter contre le changement climatique.

Le conseil est membre affilié de SHARE, organisme sans but lucratif chef de file du domaine des services, de la recherche et de l’éducation en matière d’investissement responsable. SHARE aide justement les investisseurs institutionnels à devenir des propriétaires actifs et à élaborer des politiques et pratiques d’investissement responsable.

Nous avons également participé à la rédaction de lettres de demande sur des thèmes comme les déclarations mondiales des investisseurs, les règlements sur le méthane, les lignes directrices relatives à la gestion des risques et les lignes directrices relatives aux normes de durabilité. Les discussions qui se sont déroulées au sujet de ces thèmes ont permis au conseil de mieux comprendre les enjeux liés à l’ESG et s’inscrivaient dans le cadre de la mise en pratique de nos connaissances et principes en cours d’élaboration.

En tant que conseil, nous pouvons trouver utile de songer aux questions suivantes :

  • Quelles collaborations viendraient soutenir les apprentissages du conseil?
  • Où précisément le savoir-faire ou la voix du conseil exercerait-il le plus grand impact?
  • Quelles mesures aideront le conseil à atténuer les risques dans son milieu actuel?

S’entraîner en vue de la grande escalade

Le prochain stade consiste à mettre en pratique la théorie et les apprentissages. Il peut s’agir d’embaucher un guide ou un entraîneur, de renforcer les muscles de la gouvernance en matière d’ESG et de faire connaître les résultats de votre entraînement.

Le régime de retraite de la fonction municipale a engagé les services d’un conseiller en placement responsable afin qu’il aide le conseil à intégrer l’ESG. Le fait de collaborer avec un conseiller en placement nous a permis de voir les choses d’un point de vue externe et, dans la mesure du possible, ce conseiller nous a une offert une perspective à 360 degrés. Le conseil dispose ainsi de points de services précieux en cours de route.

Nous avons renforcé nos muscles en incorporant des mises en situation ayant pour thème le risque lié aux changements climatiques dans notre examen de la modélisation de l’actif-passif et en souscrivant à de nouvelles convictions en matière d’investissement responsable dans l’énoncé des politiques et des procédures de placement (EPPP).

Nous avons fait connaître nos résultats en élaborant une stratégique d’investissement responsable et en intégrant la divulgation de l’information financière relative aux changements climatiques dans le Rapport annuel du régime.

Pris ensemble, ces activités offrent l’occasion :

  • d’aider les membres à comprendre l’importance des investissements du régime en faveur de leur régime de retraite et comment les investissements du régime fonctionnent;
  • de se renseigner sur l’approche du régime envers les investissements dans le domaine des changements climatiques;
  • de faire preuve de transparence en termes de philosophie et de stratégie d’investissement, dans la mesure du possible;
  • de positionner le régime comme un chef de file au chapitre de l’investissement responsable et comme une voix mobilisatrice d’un changement positif au sein des marchés financiers.

Tracer son itinéraire

Avec une destination en tête, ainsi que le bon équipement et le bon entraînement, c’est le moment de tracer votre itinéraire.

En 2020, le conseil d’administration du régime de retraite de la fonction municipale a approuvé un plan stratégique triennal, en vertu duquel le portefeuille de placements accorde la priorité à l’effort visant à remédier aux risques liés aux changements climatiques. Nous nous sommes engagés à examiner la possibilité d’investir d’une manière compatible à l’objectif de l’Accord de Paris, soit de limiter la hausse de la température mondiale moyenne à un niveau nettement en dessous de 2 ºC par rapport aux niveaux à l’époque préindustrielle, et d’étudier les répercussions potentielles d’une réponse stratégique importante et soudaine.

Cela a consisté à demander des renseignements et des notes d’information auprès de notre agent en placement sur des thèmes comme l’engagement et le désinvestissement et à mesurer les progrès que réalise l’agent en placement sur le plan de l’action climatique. Nous avons également pris en considération les conseils de notre agent administratif sur les conséquences pour les communications et les risques d’atteinte à notre réputation découlant de notre décision de nous engager ou de ne pas nous engager.

Au cours de cette période, nous avons aussi collaboré avec l’un des partenaires du régime à la rédaction d’un document d’orientation qui se penche sur les possibilités de participation à l’action climatique, y compris sur un engagement en faveur de la carboneutralité.

Tout cela a donné lieu à la révision de notre conviction en matière d’investissements liés aux changements climatiques telle qu’elle figure dans notre EPPP, qui a mené à notre décision de fixer comme objectif la carboneutralité.

Se rendre à sa destination

Voilà où les documents sur la gouvernance se réunissent et que la stratégie du conseil, telle qu’elle est stipulée dans des documents sur la gouvernance comme l’EPPP, forme des politiques.

Nous avons établi un précédent où nous nous servons de l’EPPP afin d’exprimer nos opinions au sujet de l’investissement responsable. Cela trace une voie claire à suivre lorsqu’il survient des problèmes. Fort du soutien de son directeur des placements, de son conseiller en ESG, de son conseiller juridique et d’autres experts, le conseil songe à l’impact des questions relatives à l’ESG, dont un portefeuille soucieux des changements climatiques. Cela nous permet de déterminer quelles sont les mesures que doit prendre le conseil. Nous recourons à ce processus afin de comprendre l’enjeu et en quoi il touche les placements, de le décrire dans l’EPPP et, ensuite, de l’exprimer aux membres et au public.

Il est possible que nous soyons confrontés à des déviations (prévues ou non prévues) en cours de route vers notre destination. Néanmoins, nous croyons que la politique et le processus que nous avons mis en place nous laissent une marge de manœuvre et nous permettent de modifier avec succès notre itinéraire. 

La vue d’en haut

Atteindre le sommet de la montagne n’est pas la fin du périple; c’est plutôt une occasion de mieux voir le paysage.

Cette vue du paysage nous a permis d’élaborer un cadre qui améliore notre gouvernance et nous aide à remplir notre obligation fiduciaire. Nous croyons que le fait d’incorporer dans notre politique de l’information sur les investissements responsables représente un engagement en faveur de la transparence. Celle-ci expose essentiellement nos pratiques à la vue des membres, des agents, des fournisseurs de services et d’autres parties intéressées.

Pour le régime de retraite de la fonction municipale, c’est aussi pour nous une façon d’exprimer notre leadership dans le domaine de l’investissement responsable et de le mettre à la disposition d’autres régimes de retraite qui ont, eux aussi, des montagnes à grimper.

Chelsea Kittleson, directrice exécutive, régime de retraite de la fonction municipale (RRFM) de la C.-B

Chelsea Kittleson a occupé le poste de directrice exécutive du régime de retraite de la fonction municipale (RRFM) de la C.-B. depuis novembre 2023. À ce titre, elle assure la mise en œuvre du plan stratégique du conseil d’administration, supervise le bureau qui soutient le conseil d’administration du RRFM et sert d’agente de liaison principale entre le conseil et les agents et fournisseurs de services du régime. Elle a misé sur ses antécédents en investissement et en exploitation pour mettre à exécution un plan stratégique triennal qui prévoit, entre autres, des objectifs durables en matière d’investissement 

Auparavant, Chelsea a été directrice des relations avec la clientèle au sein de la société BCI (British Columbia Investment Management Corporation). Avant de se joindre à la BCI, elle a travaillé dans le domaine des marchés financiers, y compris chez Marchés mondiaux CIBC inc., et a dirigé le service du financement et des relations avec les investisseurs au sein de la société British Columbia Ferry Services Inc. Elle détient un baccalauréat en commerce et le titre d’analyste financière agréée. Elle a récemment obtenu sa maîtrise en administration des affaires à la Smith School of Business de l’Université Queen’s.